Alie attend…

Déconcertée par la réaction abrupte de l’inconnu aux cheveux gris, Alie s’empresse de vider sa tasse et quitte les lieux. Elle est distraite de ses pensées chagrines par la vue du cimetière avoisinant : les cerisiers sont en fleurs. Toutes ces variations de rose! Un peu réconfortée, elle retourne à son auberge.
Le lendemain, Alie reprend et son livre et le chemin du petit café. Elle se souvient de la dernière phrase de son interlocuteur : « À demain peut-être. » Le bel homme sera-t-il présent? Sa taille, son allure, sa prestance l’ont impressionnée. Elle brûle du désir secret de le revoir.
Deux thés plus tard, elle se résigne. Il ne viendra pas. Cachant sa déception, elle marche, tête haute, vers Les Muguets.
Elle se réfugie dans sa chambre, à l’abri de la pluie et du vent. Elle a enfin du temps pour ses recherches généalogiques. Ses amies lui ont fait valoir les ressources de l’internet dans ce domaine. Grâce à son sens de la planification, elle est munie de son portable et de quelques dossiers.
Elle cherche à percer le mystère entourant les origines de son père, maintenant décédé. Après son départ des États-Unis, il avait coupé les liens avec sa famille et refusait d’en parler. Était-ce un objecteur de conscience? Avait-il commis un larcin? En explorant la filiation paternelle, Alie espère trouver des témoins encore vivants… La voilà partie à la conquête des Welland!
Complètement absorbée par ce travail, stimulée par la perspective d’une potentielle découverte, elle oublie momentanément le mystérieux étranger qu’elle a attendu avec tant de ferveur.