L’effet « pendule »

C’est la même activité, et pourtant elle se présente tantôt sous le signe du plaisir, tantôt dans le registre du labeur. Cette réflexion m’est venue pendant un cours d’aquaforme. Adepte depuis de nombreuses années, j’observe le même décor, le même contenu officiel, et pourtant…

Au fil des ans, les exercices ont évolué, plus complexes, plus diversifiés; les moniteurs se sont succédé, mieux formés, meilleurs pédagogues, et pourtant…

Je bouge parfois au rythme implacable des tambours, martèlement inlassable… Le vacarme des haut-parleurs prédomine; pour éviter que les instructeurs ne s’égosillent en vain, une formation sur l’enseignement par signes leur a été offerte. Le bruit est là pour durer!

Je bouge parfois au rythme d’une musique de danse, rappel nostalgique d’une autre époque; il m’arrive de « twister» allègrement. J’entends aussi des mélodies anciennes, des réminiscences du « hit-parade » (The Tiny Weeny Yellow Polka Dot Bikini).

Parfois je m’amuse, je rigole, parfois je fais des efforts et je surveille l’heure.

Au bout du compte, la différence essentielle vient d’« en avant »: l’une ou l’autre des six personnes qui, selon l’horaire, anime, suggère, surveille l’apprentissage et assure la discipline. Le non-verbal règne en maître.

Malgré la dimension routinière de nos ébats, l’animateur(trice) transmet parfois de la chaleur, de l’énergie, de l’enthousiasme, de l’intérêt pour notre réussite. Par contre, je fais aussi face à l’indifférence, à la rigidité, à l’exigence toute militaire! À pousser les haltères, je me suis récemment sentie comme une galérienne: le rythme forcé, les consignes hurlées, ne manquait que le fouet!

Bougez, faites de l’exercice, activez-vous! Bougez, faites de l’exercice, activez-vous! Bougez, faites de l’exercice… Refrain médiatique connu.

Je continue donc à me présenter régulièrement au centre sportif où, en fonction du jour, de l’heure, et (j’allais oublier!) de mon humeur, j’accède à la morosité ou à la jubilation.