Résumé
Clarisse peine à écrire son deuxième roman. Le retour à son appartement de la grande ville ne l’aide pas beaucoup. Tout semble lui échapper : les absences (Yves, Laurent) et les décès (Philippe, Suzanne) contribuent à son désarroi.
Nouvel épisode
Clarisse ne trouve pas la cause de son trouble. Elle se résout à accepter les diversions. « En voici une », se dit-elle en entendant des coups distincts à sa porte.
Son voisin a trouvé un prétexte pour venir l’abreuver de potins dont il a le secret. Polie, incapable d’échapper à l’intrus, elle le fait entrer.
« Je vais nous préparer du thé ».
Elle dépose les tasses sur la table de la salle à manger et se prépare à une longue écoute. Pour la ‘protéger’, il a recueilli des informations sur les personnes de son entourage : les c.v., les changements de propriétés, les plaques d’immatriculation, tout y passe, même la recherche des ancêtres! Rien n’échappe à sa vigilance informatique et visuelle.
Un hochement de tête ici et là suffit à nourrir le flot de paroles. Cette pluie de renseignements laisse Clarisse plus agacée qu’intéressée.
« Ouf! Il est parti! »
Pour passer le temps, elle feuillette une revue qui traîne sur une étagère.
« Oh, une nouvelle. J’adore la fiction! » Elle poursuit la lecture intitulée : Ludovic et Gérôme.
Deux émigrés, deux hommes du même âge, mus pas le même désir : présenter une pièce de théâtre. Gérome doit écrire et monter la pièce, Ludovic se consacrera aux tâches administratives, dont celle de première importance : le financement.
Ils se connaissent depuis longtemps et pensent réaliser sans embûche ce projet commun.
« Ce travail de création pourrait-il m’indiquer une sortie de l’impasse… »
C’était sans connaître Ludovic. Habile à manier le verbe, mais fondamentalement bohème, il avait tous les défauts d’un mauvais promoteur. À croire qu’il se croyait encore dans sa Pologne natale des années 50. Gérôme s’affolait… l’inspiration lui manquait devant le désastre imminent. Loin de sa patrie, il tentait désespérément d’écrire à la mode nord-américaine, une pièce d’avant-garde en plus! C’était beaucoup demander.
Gérôme, en habit et lunettes, rivé à sa table de travail ne se permettait aucun répit. Ludovic, foulard et chapeau de travers, noyait son chagrin au bar d’à côté et pérorait à longueur de journée… Ils restèrent ainsi, chacun de leur côté, jusqu’à l’annulation du spectacle (…)
« Ah ça alors! s’écrie Clarisse, cela ne m’aide pas du tout…
Il me semble que j’ai succombé à ma mauvaise habitude, je cherche encore des solutions à l’extérieur de moi…
Je vais devoir suivre les conseils de mes mentors et visiter mon théâtre intérieur… »
Quelques exercices lui suffisent pour découvrir que la présence d’Yves lui manque. « Moi, la grande indépendante! »
L’horreur de cette découverte passée, Clarisse se met à espérer le retour de son nouvel amoureux. Cette fois, sera-t-il plus sédentaire?