La contrepartie

La contrepartie

Je veux parler de la routine, de celle qui se situe au-delà des corvées domestiques.

 

Je me suis défendue corps et âme d’être victime de la répétition : un horaire de travail souple, des tâches variées, une vie rythmée par les saisons. Des essais créatifs et d’innombrables coups de cœur qui balayaient tout. Je voulais toujours du neuf.

J’avais des ami(e) s dont la vie était réglée au quart de tour depuis des années : même coupe de cheveux, même résidence, même période de vacances, même emploi du temps à chaque journée de la semaine, même menu, etc. Je regardais ce phénomène avec surprise, moi qui avais horreur de la routine, jusqu’au jour où…

 

Elle s’est insinuée subrepticement dans ma vie. Des choses anodines, je ne  me suis pas méfiée : j’ai rangé autrement, j’ai préparé des menus un peu répétitifs, j’ai élaboré des priorités différentes. Puis les rituels ont pris de l’ampleur, d’autres se sont rajoutées.  L’ère de l’ordonnancement a pris le dessus.

J’éprouve de la difficulté à en parler ; je suis mal à l’aise, troublée de mon revirement. Ma nouvelle façon de vivre est aux antipodes de ce que j’ai toujours préconisé.

Les rituels  me tuent parfois, mais, à l’occasion, ils me sauvent la vie. Ils aident ma mémoire défaillante.

La routine, autrefois ennemie, est devenue une alliée.