Ça alors!!!

Manger de la misère. Expression québécoise qui me traverse l’esprit de temps en temps.

J’y pense aujourd’hui en marchant vers mon appartement. Pentu, ce chemin qui grimpe dans la montagne! Fatiguée par un magasinage intempestif, les bras chargés de colis et même d’un manteau, je peine sur ce raidillon. J’avance lentement, traînant un pied devant l’autre, le souffle court, les mollets douloureux. Je ploie sous l’effort.

Je jauge la distance accomplie et celle à parcourir. Le but me semble encore loin! Je refoule mes plaintes : l’exercice est si bon pour la santé! Devenue escargot humain, je progresse lentement. Je pense à Mermoz et aux pilotes qui ont marché interminablement pour sauver leurs vies, un pas à la fois…

Un bruit de moteur interrompt mes rêveries. Un autobus ralentit à ma hauteur. La porte s’ouvre et le chauffeur me lance : « Avez-vous besoin d’un lift? » Interloquée, je réponds spontanément, bêtement : « Non-merci, je suis à pied! ».  Tout le monde sait que ce type de véhicule est réservé aux personnes qui ont payé leur place!

Il me faut quelques secondes pour réaliser que l’offre s’adressait précisément à celle qui se promène à pied! Hélas, j’avais pas reconnu ce geste de galanterie, vestige d’une autre époque.