Série « femme » prise 1

La femme « emmurée »

Elle sourit, silence.

Elle sourit, silence.

Elle sourit, silence.

Elle sourit, silence.

Et ce, indéfiniment…

Elle a souri à ses hommes, elle a souri à son psychanalyste, elle a souri à ses collègues, elle a souri à ses enfants, elle a souri, mais ne s’est pas expliquée.

La femme qui parle

Il y a eu La femme qui fuit , il y a maintenant la femme qui parle. Après avoir été emmurée (selon son psychanalyste) toute sa vie, voilà qu’elle se met à raconter, à se mettre en scène. Quel théâtre! Tout y passe : les souvenirs, l’enfance, les trous noirs de solitude, les bilans de fin de vie…

La porte de la cage s’est ouverte, la femme est sortie, la parole, aussi. Dans un espace de réceptivité (condition essentielle), la parole se déverse, en torrent parfois. Elle est contagieuse, elle appelle les confidences : la maltraitance infantile subie, les désirs de suicide, les absences paternelles, les imperfections des enfants, les soucis et les craintes de fin de vie.

Par la suite, une meilleure compréhension s’installe, ainsi que la compassion et la tolérance. Le noir et le blanc existent, mais beaucoup de personnes se déclinent au gris.

Ce gris est intéressant car il apparait grâce aux échanges, grâce à des rencontres dont on sort nourri plutôt que triste et vide.

À d’autres, la pluie et le beau temps, le small talk; il reste peu de jours. Peut-on les rendre plus signifiants?

—————————————–

Anaïs Barbeau-Lavalette, La femme qui fuit, Marchand de feuilles, 2015