Transitions

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Résumé

Laurent est décédé des suites de sa maladie. Clarisse a été inconsolable, ayant l’impression de perdre un enfant. Elle a aussi perdu le personnage principal de son roman et s’est demandé comment son éditeur allait réagir. La visite chez l’éditeur s’est déroulée avec son assistante Madame Delcourt et s’est soldée par un report de 10 mois de la date du dépôt du manuscrit. Clarisse a trouvé un nouveau personnage : David, musicien et modèle pour les classes de dessin en art.

 

Épisode

Clarisse n’arrive pas à plonger dans l’écriture. Elle rêvasse en pensant à David. Elle sait qu’il est en classe et qu’il rêvasse lui aussi, impassible dans sa pose, mais avec des cellules grises en activité…

Assise à sa table de travail, l’attention de Clarisse est flottante. Yves est au loin, occupé lui aussi. Il conseille, guide, suggère, questionne. En vacances, Yves est différent : il devient hyperactif, bouscule et houspille celle qui l’accompagne.

Clarisse a découvert un autre homme, pressé, exigeant. Elle n’est pas certaine de se plaire à ses côtés. Elle, au contraire, en mode de grande liberté, devient contemplative, flâneuse.

« J’ai besoin de temps pour regarder et apprécier tout ce qui m’entoure. »

Elle rêvait de visiter Venise depuis si longtemps! Yves, son amoureux, l’a entraînée dans une course folle, pour tout voir!

« Il avait toujours le nez dans ses guides de voyage. A-t-il pu contempler les couleurs de la ville? Sentir les vagues sous le bateau? Remarquer les multiples pilots d’accostage?

Je deviens lyrique quand je parle de cette ville. Pas de voiture, pas d’embouteillage, seulement des embarcations qui voguent sur les grands et les petits canaux : vaporettos, gondoles, bateaux-taxis. De l’eau, de l’eau, toujours de l’eau. Venise est pour moi une ville de rêves et de dépaysements, j’adore ce style de vie, si différent du mien.

Quant au théâtre de la Fenice, c’était le point culminant de notre séjour! En voyageurs peu avertis, nous n’avions pas réservé les billets avant notre départ. Le matin de la représentation, Yves, sorti plus tôt, revient triomphant :

« Clarisse, j’ai deux billets dans les loges! »

J’étais enchantée. Le soir, je me suis soigneusement parée en pensant à ce monument mythique, ce haut lieu de l’opéra lyrique. Impressionnée par le luxe de la loge, je me suis assise, émerveillée par le coup d’œil sur l’ensemble du parterre, mais, bientôt interdite de constater que je ne voyais pas la scène; la loge était placée trop à l’avant de la salle! Furieuse, j’ai pesté contre ces magnifiques salles, vieilles et mal conçues! Après trois incendies, les architectes auraient pu moderniser les structures quelque peu! Cette manie de reconstruire à l’identique! J’imagine qu’au 18e siècle certains ne venaient pas pour « voir » mais pour être « vus ».

J’ai donc entendu, mais pas vu Der Rosenkavalier (le Chevalier à la Rose). Yves, qui connaissait parfaitement le libretto, a moins souffert de ne pas voir, il s’est servi de son imagination pour créer le décor.

« Et bien moi, je suis restée sur ma faim à la fois pour l’opéra et pour l’ensemble du périple! »