Un long parcours

Première partie

Un trajet de cinq décennies…

À 19 ans, première chute : ligament déchiré à la cheville gauche. La passion fut plus forte, je persévérai.

Je suivis de nombreux cours et m’exerçai longuement pendant les vacances. Je pratiquai seule, en couple et en groupe. Un plaisir indicible, renouvelé, malheureusement entrecoupé de quelques arrêts : maternité oblige!

Par la suite, je réussis à intéresser mes deux fils à ce sport. Une jouissance partagée sur une longue période. Blessures et béquilles ne réussirent pas à freiner mon ardeur.

Je frissonnai souvent, de froid et de peur, le vertige s’accommode mal des hauts sommets et surtout des falaises; pourtant, je parcourus d’innombrables kilomètres afin d’y arriver…

Deuxième partie

L’heure de la retraite a sonné.

Conserver toutes mes compétences m’a semblé le moyen infaillible de retarder le vieillissement. Prudente, je procédai par plans quinquennaux. Je devais donc continuer de dévaler les pentes jusqu’à 70 ans. L’orgueil constitua un formidable atout. À moi les descentes rythmées et les courts rayons!

À l’approche de la date cible, le plaisir s’est subtilement mis à décroître : route trop longue, escapade souvent solitaire, conditions météorologiques incertaines, aspect routinier de la longue fréquentation du même centre et, à mon grand dam, crainte accrue des chutes (et surtout de leurs séquelles).

Mes objectifs atteints, mes collègues de ski m’ont convaincue de persévérer. Ma réflexion se poursuivit néanmoins. La valse des priorités s’est mise à jouer dans ma tête; motivations, plaisirs et sources de stress se mirent à virevolter.

« To ski or not to ski, that is the question… ».

Finalement, et paradoxalement, le maintien de la forme physique l’a emporté. La perspective d’une blessure supplémentaire ou d’un handicap permanent me hérissait. Fin du sport de glisse.

Seul mon amour propre a pâti de délaisser le ski alpin et pire, de prendre une décision liée au vieillissement, notion abhorrée entre toutes.

adieu