Souvenirs d’antan

Mes goûts sont anachroniques. Je préfère la lecture aux évasions sur écran, je chéris le papier (le journal, le dictionnaire) et j’adore la fourrure, eh oui, celle qui a cédé sa place au duvet et au polyester.

Sans doute un relent de mon enfance. L’hiver, c’était le règne des peaux. Grâce à elles, les femmes, même de condition modeste, se protégeaient du froid, sans oublier leur tête et surtout leurs mains (je garde un souvenir inoubliable des vastes manchons).   Il en était des manteaux de fourrure comme des automobiles : la valeur était connue, la hiérarchie, établie.

À cette époque, le choix était vaste, c’était encore les pelleteries de nos terres et de nos forêts ou de celles d’autres continents. Le mouton, le lapin, la martre, le rat musqué, la loutre, le vison, le chat sauvage, le loup, le renard, le castor, le phoque et parfois même le léopard peuplaient mon imagination.

Ma mère rêvait, comme toutes les autres, d’une « plus belle », plus lustrée, plus chaude. À ses côtés, j’ai appris à apprécier. J’ai même racheté son dernier manteau de rat musqué qu’elle jugeait trop lourd. Coquet, seyant, il me transforme néanmoins en antiquité ambulante.

Adolescente, je rêvais de renard roux, au long poil soyeux et à la couleur chaleureuse. Enfin salariée, mon premier achat fut celui d’un manteau moins fragile : castor rasé, teint. Sobre, classique, mais combien velouté, je l’ai porté très longtemps!

Je n’ai pu me défaire de cet engouement. Je me délecte de l’odeur, je palpe avec plaisir la douce texture et j’admire le lustre des petites bêtes qui ont survécu au raz de marée écologiste. Aujourd’hui, je brave le froid, les vents et les tempêtes grâce à un long manteau de chat sauvage.

J’espère que les changements climatiques ne rendront pas désuet mon « capot de chat ».


Voir la photo de l’artisan fourreur Vent du nord, images de Google