Non, ce n’est pas le début d’un poème, mais d’une diatribe contre ces chronophages : le courrier électronique ainsi que le lavage des bols et autres récipients qui sont au service de la nourriture.
Que de temps, par ailleurs précieux, vous est consacré, temps qui pourrait être voué à des travaux plus créatifs! À cause de votre gloutonnerie, vous engouffrez les moments qui auraient permis à des notes de s’additionner sur une portée, aux traits de pinceaux de s’étirer sur la toile, à des mots de s’aligner sur une page. Vous nous privez de nouveaux agencements de fleurs, de mets, de meubles, etc.
La musique, en sourdine, masque un peu l’ennui des gestes entourant le nettoyage des plats, des cocottes et des chaudrons. Je redoute la vision de la pile d’assiettes sales; elle me force à passer à l’acte. Quelle corvée! Pour une personne à la retraite, les repas à la maison sont plus nombreux, la vaisselle, plus fréquente. Entre l’évier, le lave-vaisselle et les armoires :
place, déplace, replace, place, déplace, replace, place, déplace, replace.
Les murs de ma cuisine suintent l’ennui de la répétition.
Par ailleurs, la publicité des infolettres se glisse, entre les messages amicaux ou amoureux. J’ai beau me désinscrire, il en survient toujours de nouvelles; impossible d’échapper à cet ennemi virtuel. Il me faudrait vivre une vie monacale, sans sortie, sans achat; les commerçants polluent mon espace personnel.
La curiosité l’emporte parfois, j’ouvre, et alors
roule, déroule, supprime, roule, déroule, supprime, roule, déroule, supprime…
Non seulement je fais travailler mes doigts, mais en plus, je dois exercer mon jugement : « est-ce important, devrais-je conserver ce texte, si oui, sous quelle rubrique? » La réflexion m’est imposée ou je la reporte et c’est pire, plus de temps gaspillé!
Avec ce rituel, mon ordinateur perd de son charme. Mon bureau, aussi.
Et pourtant, pauvres humains de chair et de communication, il nous faut manger et converser pour survivre.
Chers chronophages, vous êtes dans ma vie pour longtemps.
Bonjour
Jâai bien aimé cet article,,,,
Bonne journée
Marie Ginette
Heureusement que parmi les pourriels, annonces, info lettres et tutti quanti, se trouve régulièrement «motsenemergence»!
Mais je connais bien le roule, déroule, supprime… encore mieux depuis que j’ai une tablette, ce qui m’oblige à faire l’opération sur mon ordi et sur ma tablette! Chronophage tu dis!!
les chronophages, bien qu’inévitables, me laissent bouche bée (surtout les courriels).
Très bon texte non dépourvu d’humour. J’aime bien l’analogie entre vaisselle et courriels. C’est tout à fait juste.