Propos de filles:être assortie!

Propos de filles: être assortie!

Cet impératif, en vigueur lors de mon éducation à la féminité, était enseigné, explicitement ou implicitement, aux adolescentes des années 50. Les mères avançaient des arguments péremptoires. « Si tu es victime d’un accident et que tu es amenée à l’urgence, que pensera-t-on de toi si ta brassière et ta culotte ne sont pas de la même couleur? » Dans la même veine : « Si tu es hospitalisée, il faut absolument que ta jaquette et ta robe de chambre soient assorties ». La règle s’appliquait également aux pantoufles.

Cette obligation vestimentaire m’a gouvernée pendant 55 ans. Je l’ai respectée scrupuleusement  jusqu’à la consultation d’une revue féminine très cotée où j’ai vu une présentation de sous vêtements dernier cri. Oh horreur, ils étaient jaunes en haut et rouges en bas, à pois, à fleurs ou à rayures, dans l’ordre et le désordre! Encore sous le choc, je jetai un coup d’œil furtif aux dessous des jeunes filles qui fréquentaient mon club sportif. L’assortiment n’était pas au rendez-vous, surtout pour les g-strings! J’ai dû amorcer une révision de mes normes jusque-là si parfaitement assimilées.

Que dire des souliers et des sacs à main! À 26 ans, j’ai cru me démarquer en portant des chaussures bourgogne, mais avec un sac de même teinte, je ne fracassais pas les conventions… Au fil des années, j’ai constaté, à ma grande déconfiture, qu’il devenait de plus en plus difficile d’assortir des cuirs multicolores, vernis, métallisés, parsemés de sequins ou d’insertions bigarrées. J’ai cédé.

Mais pas Elizabeth ll. Contre vents et marées, elle continue d’être « assortie ».