…pour visiter sept églises? À dix ans, la question se pose.
Une vieille tradition de mon diocèse nous incite à visiter, le jeudi saint, sept reposoirs où l’hostie consacrée trône dans une surabondance de fleurs et de lumières. Invariablement situés à droite du transept, des échafaudages présentent des ostensoirs dorés qui brillent de tous leurs feux au milieu des lys, des hydrangées et autres plantes printanières.
L’ampleur, la complexité et la beauté de l’étalage varient selon la richesse de la paroisse et le talent artistique des personnes qui l’installent… La comparaison me passionne : un merveilleux concours d’esthétique. J’établirai mon palmarès personnel!
La démarche est officiellement liturgique; en conséquence, je ne peux me limiter à l’étude du décor. Cependant, une seule prière par lieu consacré suffira à me mériter l’indulgence plénière[i]. Malgré mon jeune âge, j’ai compris que cette pratique permet en quelque sorte de mettre le compteur des péchés à zéro.
Une occasion non négligeable! D’où le sérieux de la planification matérielle; je discute âprement avec les autres jeunes filles intéressées. Quel chemin prévoir pour visiter sept églises disséminées sur un large territoire rectangulaire? La randonnée sera longue.
En rétrospective, c’était le chemin de Compostelle de mon enfance.
[i]« L’indulgence est la rémission devant Dieu de la peine temporelle due pour les péchés dont la faute est déjà effacée (…).
La peine temporelle est la « purification de l’attachement aux créatures, qui est une conséquence du péché qui perdure même après la mort. » D’où le séjour au purgatoire si la purification n’a pas eu lieu.
Pour plus d’explications consulter
http://www.gotquestions.org/Francais/indulgences-plenieres.html
Quelle fête que cette randonnée à vélos avec les copines le jeudi saint! Rendez-vous au coin de la rue après le souper, pris tôt et à toute vitesse, car le chemin à couvrir était long. Vivant dans une banlieue en développement, les églises étaient fort éloignées l’une de l’autre et encore, il n’y en avait que quatre d’accessibles sur les sept requises pour effacer les péchés. Tant pis pour les indulgences! Le plaisir était dans la randonnée, les rires au moindre incident, la route à la nuit tombée par permission exceptionnelle, la douce délinquence d’une autorisation arrachée aux parents pour la «sainte» cause.
Quelle bonne idée de visiter les églises à vélo. Tant pis si vous devez transiter par le purgatoire!
Je ne me souviens pas d’avoir possédé un vélo à cet âge tendre
Ce texte me rappelle les péchés (lointains) de mon enfance… Désignée par ma mère pour aller à la messe, je profitais de cette sortie dominicale pour contourner l’église et poursuivre la balade à vélo dans la campagne environnante… ces promenades ont cessé quand mon frère a été en âge de m’accompagner…plus possible d’esquiver car il était enfant de choeur… Enfin pour quelques temps seulement…
Je suis bien aise de ne plus être à l’époque des péchés.
Une lourdeur de moins.