Il faut souffrir pour être belle

Maxime maintes fois entendue au cours de ma jeunesse.
Dans les années 50, la beauté commençait par une « Toni », permanente conçue pour l’utilisation à domicile. La boîte contenait de petits papiers pour contenir les mèches, les bigoudis munis d’un élastique pour emprisonner le tout et finalement le liquide (solution) à l’odeur terriblement malodorante pour imprégner chaque segment. Des bouclettes plus ou moins serrées naissaient de ce processus, grâce auquel la mise en plis allait « tenir ».

Celles qui avaient des cheveux longs étaient contraintes à l’utilisation d’un beigne de fines lamelles en métal autour duquel on enroulait les longues mèches pour constituer un chignon… à l’arrière ou sur le dessus de la tête. C’était respectable.

Plus bas, c’était le drame. Les vedettes de l’heure étaient garnies de buste généreux (Jane Mansfield, Marilyn Monroe, Dolly Parton et autres); les adolescentes graciles que nous étions étaient fort démunies. Pour y remédier, il y avait des coussins d’éponge qui étaient glissés dans les brassières et les costumes de bain. C’était la solution de l’époque… une dure épreuve pour l’amour-propre.

Je n’ai jamais osé parler de ces ajouts jusqu’à ma récente visite dans le département de lingerie d’une grande surface. Ma gêne a fondu devant les coussinets de mousse qu’on m’a proposés pour garnir un soutien-gorge sans bretelles; cette addition en forme de demi-lune devait propulser le sein à la surface! Aujourd’hui, le sous-vêtement à la mode est d’office rembourré et assure un galbe parfait. Le souci de la belle poitrine serait-il toujours parmi nous?

Ma trentaine fut marquée par la guerre à la cellulite. Le combat avait lieu chez madame Hiriart, la reine des esthéticiennes, qui tenait salon à Westmount. Les jets d’eau à air comprimé dirigés sur les parties sous surveillance et les ventouses constituaient, semblait-il, le traitement optimal pour briser les amas adipeux. Pas conçu pour les personnes douillettes…

Les souffrances de l’épilation des jambes ont perduré. Aucune méthode n’est indolore. Ce bout de notre anatomie nous livre d’autres mauvaises surprises au fil des ans. Les veines brisées ne sont pas de mise. Des injections répétées et renouvelées assurent de « jeunes extrémités », mais à quel prix! Il faut savoir retenir son souffle!

Quant aux rides et aux affaissements, le bistouri esthétique s’en charge, mais les inconvénients post chirurgicaux sont rarement mentionnés : douleurs et limitations. Ce qu’il faut souffrir pour être belle!

Des spécialistes ont pensé à tout sauf au cœur et à l’esprit. Ces derniers seraient-ils absents de la beauté d’une femme?

8 réflexions sur “Il faut souffrir pour être belle

  1. Ma mère était bien brave de s’atteler à la tâche de me donner une permanente. Sitôt glissée dans le petit papier de soie, chaque mèche de cheveux rebondissait pour en ressortir toujours aussi raide, et Maman s’écriait: « hé, que t’as les cheveux rebelles! »
    Le « souffrir pour être belle » est plus que jamais d’actualité, et j’ai trouvé des livres bien intéressants sur le sujet: celui de Nancy Huston, Reflets dans un oeil d’homme, et ceux de Nelly Arcand, Putain et Burka de chair.

  2. Et la gaine qui te coinçait l’abdomen pour une taille de guêpe! Et les talons aiguilles qui nous faisaient marcher sur la pointe des pieds pour l’arrondi du galbe du mollet! Je n’ai eu droit qu’une fois au supplice du «Toni», ma mère y ayant renoncé devant le piètre résultat; mais le supplice de l’élastique pour la queue de cheval n’était guère mieux, d’autant plus qu’il était quotidien. Merci de nous rappeler que «Toni» et autres ne garantissent en rien la beauté.

  3. Bonjour Diane, j’avoue que votre article m’a bien fait rire…devant la description de ces instruments de torture, tout droit sortis de l’ère des ténèbres…. on n’a guère progressé depuis. J’ai récemment lu le cas d’une apprentie sorcière en Floride qui injectait du ciment et de la colle dans les cuisse et les fesses de ses « patientes »…pour les faire rebondir !!!

    La beauté intérieure semble en effet être très loin des préoccupations médiatiques…elle n’est pas assez visible..il faut la découvrir…sous le maquillage ….

    1. Avec le temps, pour ne pas dire avec l’âge, on prend parfois un peu de recul vis-à-vis la mode et ses diktats esthétiques, mais après certaines souffrances!!!
      J’apprécie votre commentaire humoristique.

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