L’écriture

Clarisse est seule. Yves n’est pas revenu et n’a pas donné signe de vie. Elle s’interroge en regardant la rivière…
« Pourtant, je l’ai déjà trouvé beau, adroit, intéressant, tendre. Qu’est-ce qui me prend aujourd’hui d’être si peu intéressée? L’ombre de Philippe plane sans doute sur ma vie… et ma vue! J’avais raison, c’est trop tôt. Trêve de nostalgie, j’ai un roman à écrire! »

Elle a retrouvé son bureau avec un plaisir enfantin. Dans l’immense grenier de la maison familiale, elle avait mis les vieilleries d’un côté et de l’autre, devant la fenêtre, une grande table, l’inévitable ordinateur et son imprimante, ainsi qu’une pile de feuilles blanches; elle préfère le contact de sa plume sur le papier. Il reste beaucoup d’espace vide, ce qui réjouit Clarisse : à ses dires, l’encombrement nuit à la création.

C’est dans ce refuge qu’elle se consacre à Laurent, son héros de l’heure. Elle a le temps d’imaginer son passé, son présent, son futur.
« Il est plus malade que je ne le croyais. Ses reins ont lâché. »

« Je ne veux pas mourir, quarante ans, c’est trop jeune! Puisqu’il le faut, je vais accepter la maudite dialyse! »

Clarisse s’inquiète.
« Combien de temps pourra-t-il survivre sans une greffe? Quand trouvera-t-il un donneur? Mon Laurent connaissait une telle joie de vivre! Il cultivait même des orchidées! »

« Viens voir! » disait-il à ses visiteurs.

Longtemps, ses précieuses fleurs lui ont tenu compagnie, mais voilà que Luce vient d’envahir ce territoire…

« Ma tante Clarisse, où es-tu? »
« J’arrive… »

Avec la petite Caroline, il faut compter son frère Hugo ainsi que leurs parents. Et ce n’est que le début! Les autres vont bientôt se présenter. C’est juillet!
Les cris des tout jeunes et leur course échevelée résonnent dans la grande maison campagnarde.

Adieu le silence… et l’écriture