Presqu’un polar

Voici un texte inhabituel : quatre parties.

Première partie : quelques faits véridiques.
En avril 2005, un homme blond, entre 20 et 30 ans, a été retrouvé, en habits mouillés sur une plage peu fréquentée au sud de l’Angleterre. Il refuse de parler mais peut jouer du piano pendant plusieurs heures d’affilée. Il a été surnommé Piano Man. Cette histoire a fait le tour de la presse dans différents pays. Depuis sept semaines, les autorités policières anglaises se demandent qui il est et comment il a abouti à l’île de Sheppey.
Le reste du récit est laissé à l’imagination de chacun. Voici ma version.

Deuxième partie : l’histoire de Piano Man,
Mathieu se réjouit de quitter la femme harcelante avec laquelle il vit depuis cinq ans. Il se demande si le moment d’une séparation n’est pas venu…
Entretemps, soucieux de gagner sa vie, il a accepté un emploi de pianiste pour la durée d’une croisière méditerranéenne. Ses bagages sont à bord depuis la veille. Il suit la foule devenue fébrile à la vue du gros navire. Il s’avance vers le paquebot, lorsque son bras droit est saisi, tordu et ramené à l’arrière; il sent un objet dur dans ses côtes;
« Si tu cries, je tire. »
Mathieu, se sent piégé, impuissant, il est entraîné par deux fiers-à -bras, qui l’amènent vers un groupe d’hommes qui attend la « prise du jour ». Celui qui semble le chef procède à une fouille des poches de Mathieu ; il retire un porte-monnaie et une lettre d’embauche. « Je sais où écrire pour la rançon! »
Les yeux couverts, le jeune homme est amené sur un autre bateau, qu’il devine plus petit. Ayant découvert, grâce à la lettre, les talents de leur proie, les bandits décident d’en profiter pour s’offrir quelques concerts. Ces hommes savent utiliser les drogues pour contrôler celui qui est désormais leur prisonnier et le mettre au piano sur commande.

Troisième partie : la découverte de Marielle.
En mai, Marielle, qui poursuit sa lecture quotidienne de LaPresse, voit une photo qui, pour elle, ne pose aucun doute.
« C’est mon petit frère!!! »
Troublée par la lecture du texte qui accompagne la photo, elle appelle aussitôt Amélie, la conjointe de son frère Mathieu. Comme à l’habitude, elle reçoit un accueil glacial de celle qui n’apprécie ni Mathieu, ni sa famille. A force de questions, elle apprend néanmoins que son frère a été kidnappé et que sa belle-sœur a reçu une demande de rançon et une menace de représailles en cas de refus. La femme de Mathieu affirme ne pas avoir pris la requête au sérieux parce que la cellule terroriste était non identifiée.
Marielle tombe des nues. Sa famille savait qu’Amélie détestait Mathieu, mais de là à cacher son enlèvement!
« Moi qui imaginais mon frère, en habit de soirée, jouant sur le piano à queue du grand hall »
Sa sœur cherche d’autres articles sur Piano Man et trouve le nom du porte-parole des services de santé de Kent-Ouest. « Je vais lui écrire et lui expliquer que mon frère ne souffre pas de maladie mentale chronique ».
Munie de son dictionnaire, elle se met à l’œuvre et rédige une lettre destinée aux services de santé anglais.

Quatrième partie :la lettre officielle.
M. Adrian Rowther, spokesman for the health services of West-Kent, England.
Dear Sir,
On May 20th, I discovered, to my great surprise, the photo of my younger brother Mathieu in La Presse (Montréal, P.Q., Canada). I called his wife, and learned that she misled our family, omitting to tell us of his kidnapping and of the subsequent ransom request, which she did not take seriously (she said it came from a non- identified terrorist cell). She admitted being in very bad terms with her husband. In my opinion, dealing with her, would not be fruitful.
Mathieu Lafrenière was scheduled to play on the Rhapsody of the Seas , waiting at the Dover dock. I knew of his departure from Ville Lasalle (P.Q.) where he resided and did not expect any news from him during his trip. His name, home address and passport number may be checked with his employer: the Royal Caribbean International.
My brother is a Canadian Citizen, aged 28. He took piano lessons as a child and has worked without interruption in the musical field. According to the newspaper, he has retained his playing skills despite a series of potentially traumatic events. I learned, from his wife, of the domestic violence, the kidnapping, the stay with gangsters, the threat of putting him in a small rubber boat,( which meant leaving him to a slow agony…) if the ransom was not received within three weeks. The threat was executed.
As you well know, because of the strong currents, a large ship is the only way to access Sheppey Island by sea. Therefore, I suspect a cargo ship collected my drifting brother. The foreign crew, probably fearing English costal authorities, used their speed boat to drop off their illegal passenger near a beach.
If authorized by the health services, I am prepared to come to the hospital where he is residing to visit him and make the necessary arrangements for his safe return to my family in Montréal, along with his access to local therapeutic treatments, if needed.
Hoping for a favorable response on your part, I remain, respectfully,

Marielle Lafrenière, aged 35, Canadian Citizen, employed by Concordia University,
Residing at 3245 Des Érables, Montréal, P.Q. Canada, H2V 1C7
Tel. 514 521 3298

2 réflexions sur “Presqu’un polar

  1. Presqu’un polar… en effet! Une belle histoire, pleine de rebondissements, avec un fin ouverte . On peut certes imaginer que Marielle retrouve son frère et le ramène, mais peut être qu’il refuse de la suivre ou que n’est pas son frère ou que l’épouse, de mèche avec les kidnappeurs car elle veut garder pour elle le gain du billet de loto, empêche Marielle de partir ou… Ton imagination stimule la mienne!

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