L’ancêtre du speed-dating
Chercher l’âme sœur dans un cadre sécuritaire : un rêve qui ne date pas d’aujourd’hui. Les bals de l’époque victorienne en témoignent
Le Ballrom Guide, manuel britannique de 1866, fixait les codes de tenue et de comportement pour ces événements mondains. On y apprend, entre autres, qu’il était inconvenant pour un cavalier de danser plus de deux fois avec la même jeune fille.
Montréal a perpétué la tradition. La Presse du 28 novembre 1953 fait état de la présentation de trente débutantes à un duc anglo-saxon (sorti des oubliettes pour la circonstance). Elles font leur sortie dans le monde, de blanc vêtu, dans une débauche de satin, d’organza, de tulle ruché, de chantilly, de souffle de soie, de taffetas et de faille française, le tout saupoudré de sequins, de perles et de pierres du Rhin. Hélas, la rubrique mondaine ne décrit pas les nombreux prétendants qui se pressent dans les salons où rivalisent les fleurs, les dorures et les lustres aux milles feux.
Dans la bonne société d’autrefois, les jeunes intéressés par le mariage disposaient d’une « saison » pour virevolter, prendre le thé ou déambuler dans une « garden- party ». Ils prenaient le temps de faire connaissance.
Le rite se perpétue encore aujourd’hui.
Néanmoins le temps presse. Depuis 1990, le speed-dating se pratique dans quelques grandes villes américaines et européennes. Les rencontres de personnes seules sont fonctionnelles et régies par plusieurs règles protocolaires. La vitesse prime : au bout de trois à huit minutes, un signal sonore se fait entendre et hop, au suivant! Pour arriver à ces tête-à-tête, il faut, comme autrefois, s’inscrire et accepter des frais, mais les tenues sont moins spectaculaires… et les révérences, inexistantes.
Chantilly, souffle de soie…. je viens de découvrir des étoffes que je ne connaissais pas… mais qui font rêver….
Beaucoup moins drôle, le speed dating… et j’ai même appris récemment qu’il existait le speed job dating…. où comment se vendre à un employeur en 15 secondes….
Nostalgie, nostalgie….
Pour nourrir vos rêves: la rubrique de La Presse que j’ai consultée mentionne également la soie ottomane, le taffeta broché, le brocart français, le satin duchesse, le tulle et le pouls de soie.
Diane
Petite faute d’orthographe impossible à corriger dans le texte. Il faut lire poult de soie.
Mes parents se sont rencontrés à l’un de ces bals de débutantes. Ma mère était très belle. La légende familiale veut que mon père l’ait quelque peu frôlée au passage sous une porte et qu’en retour, elle lui ait adressé un regard courroucé qui l’a séduit.
Marie
Quel beau souvenir! Je ne pensais pas que cette expérience avait touché des personnes près de moi. Merci de me le dire et de partager avec les autres lecteurs.
Diane
Le Ballroom Guide de 1866! Où as-tu trouvé ça? Formidable! Avec ces noms de tissus évocateurs que je ne connais qu’à moitié.
Je suis précisément en train de lire un roman qui se situe à cette époque et dans ce milieu. Si la «débutante» ne trouvait pas mari dans l’année, sa cote marchande en prenait un coup, mais au moins elle avait un an pour se faire remarquer des beaux partis, contrairement au speed-dating.
Diane
J’ai trouvé le Ball Room Guide sur l’internet. La description des multiples codes est fascinante. J’ai omis la section sur les éventails et leur language…
Ce qui m’a frappé (d’où le titre) c’est que chaque débutante rencontrait un grand nombre de danseurs dans une seule soirée.
Diane