Mange tes croûtes!
Cette injonction me revient en mémoire pour la nième fois alors que je repousse une croûte de pain dans mon assiette. Elle m’apparaît dure, épaisse, je n’en ai pas envie, je ne la mangerai pas!
Mange tes croûtes!
Transgresser cette commande constitue, à ce jour, un défi à l’autorité et à la morale du quotidien. Jouissance secrète de mon autonomie d’adulte.
Mange tes croûtes!
Les interdits au sujet des aliments abondaient dans le Québec de l’après-guerre. « Ne laisse rien dans ton assiette ». « Pas de dessert si tu ne manges pas tes légumes ». « On ne gaspille pas la nourriture ». Chaque famille avait ses variantes.
Mange tes croûtes!
Ces refrains de l’enfance sont puissants et profondément inscrits; ils résonnent encore quels que soient l’âge et le tour de taille. Ces diktats restent largement observés par les personnes de ma génération…
L’auteure est enfin de retour ….sur le chemin de l’écriture.
A chaque famille, sa variante de contrainte alimentaire. C’est bien vrai ! Chez moi, nous avions comme préambule » pendant la guerre, on mangeait tout et on était bien content quand il y avait quelque chose à mettre dans l’assiette ». Cette rengaine me laissait plutôt indifférente, ne l’ayant pas connu, cette guerre. Je n’ai jamais eu faim, je le réalise, aujourd’hui. Comme disait Socrate, « un homme qui a faim n’examine pas la sauce…. »
Merci d’allonger la liste des formulations quant aux rengaines familiales au sujet de la nourriture. Vous êtes la première à en parler, j’espère qu’il y en aura d’autres.
Au delà du texte, cela constitue un sujet de conversation très intéressant…
Merci de votre intérêt constant. Grâce à vous et à d’autres lecteurs Je reviens à l’écriture avec beaucoup de plaisir
Le corollaire est aussi ancré dans la mémoire familiale: les sandwiches pas de croûte que l’on préparait pour les jours de fête. Quel régal! Encore aujourd’hui, dans les 5 à 7 ou les buffets, les sandwiches pas de croûte l’emportent sur les canapés sophistiqués dans l’assiette que je me compose.
Ravie de ton retour au poste!
Je reprends non pas la plume, mais le clavier avec beaucoup d’enthousiasme. Vos commentaires font toute la différence.
La question de la nourriture reste viscérale et les empreintes de l’enfance à ce sujet, assez indélébiles. C’est ce que révèlent les confidences de mon entourage.
Welcome back, Diane. J’aime le retour de ce « Mange tes croutes » dans ton texte. Ça donne un joli rythme.
Me reviennent maintenant en mémoire, avec toutes les émotions associées, deux scènes très vivides de mon enfance reliées à l’obligation d’ingérer, l’une, un gros morceau de poisson blanc pas très cuit nappé d’une sauce rouge. On m’enjoint de rester au réfectoire aussi longtemps que je n’aurai pas vidé mon assiette de ce poisson qui me lève le coeur. Face à face silencieux entre la gardienne du réfectoire et moi. Elle finit par céder et me laisse partir. L’autre scène ramène une crème d’épinards dont la vue et l’odeur me répugnent. Mon grand-père est en visite. Maman demande que je mange cette crème qu’elle a cuisinée. Je la refuse, elle insiste. Je sais qu’elle ne veut pas avoir honte devant son père d’avoir une enfant capricieuse. Longs regards, de part et d’autre, je ne suis pas arrivée à la contenter.
Les répugnances alimentaires sont mystérieuses. Je me réjouis de ne pas vivre dans une culture où l’on mange des vers grillés (en Chine) ou des sauterelles grillées (certaines peuplades de l’Amazonie).
Tu as eu le courage de tes convictions « viscérales ».
An old song » Mange tes croütes » that dates a number of people, myself included, to which in my family circle was added » think of the poor starving Chinese ». It would seem they have since profited from our numerous thoughts, as they in turn must be singing our old tune with a slight change of lyrics as in « eat your rice », now their thoughts for the EU and the US of A, and other once rich nations of this world. JJF
I appreciate your humour and your recall of the recommandation to worry about the chinese children. We heard the tune very often.