Il est vaste, car ELLE est sous-jacente à de multiples gestes de la vie quotidienne. Nous tentons de nous protéger des voleurs, du verglas, du stationnement difficile, du retard, de l’inconnu, de la panne de voiture, de la mauvaise place au cinéma ou ailleurs. La liste pourrait être prolongée, puisque la peur est omniprésente dans nos vies : la crainte de nous tromper, de ne pas être à la hauteur, de décevoir, d’être blessé (e), etc. Il faut aussi compter avec nos petites hantises privées, dont certaines, nous apparaissent moins avouables. …
Je ne fais pas exception à la règle. À voir la quantité de papier mouchoirs qui a quotidiennement logé dans ma manche gauche (comme ma grand-mère), et dans les poches de mes pantalons, de mes manteaux et de mes sacs à main (et tous en même temps), je me pose des questions… À voir, en plus, les boîtes de mouchoirs qui ornent chaque pièce de ma maison et de mon chalet, je me demande « De quoi ai-je peur? »
Il faut avouer que je m’en sers souvent, surtout le matin, mais cela justifie-t-il de telles provisions? Est-ce simplement une mauvaise habitude? Un exemple de prévoyance féminine? Une grande anomalie psychologique?
Outre les périodes virales, il s’agit plutôt d’une précaution : au cas où… Ce souci de maintenir de telles réserves de mouchoirs, trahit, au premier degré, la peur d’en manquer. Que faire si cela arrivait? Renifler? Il y a des limites. S’essuyer le nez avec ses doigts, ses gants ou ses vêtements? Cela manque d’élégance. Au pire, quémander ces indispensables kleenex? L’autre jour, la caissière m’en a donné deux pour contrer mon malencontreux oubli (en temps de rhume!) Est-ce si terrible?
Malgré cette prise de conscience, je continue de me prémunir contre ce manque éventuel et je m’assure que tous mes contenants sont bien garnis. En attendant les explications des psychanalystes, je vis en mode « au cas où ».
Quelle prison! Qui m’en délivrera?
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N.B. Il semble que les femmes se soucient beaucoup des éventualités, si on en croit le sociologue qui a étudié les sacs féminins. Leur contenu permet aux femmes de parer à nombre d’imprévus du quotidien en référence à l’hygiène, la beauté, les communications, l’informatique, la sécurité, l’argent, etc.
Kaufmann, Jean-Claude, Le sac, Éditions Jean-Claude Lattès, 2011
beau texte, félicitation !
Merci de votre intérêt. J’ai visité votre blogue et j’admire vos qualités pédagogiques.
Revenez-nous en verve.
Ah, le «au cas où»! Quelle terrible habitude qui, dans mon cas, surcharge mon sac à main au risque de me faire mal au dos. Avec les années, j’ai opté pour de petits formats pour alléger le sac: petite bouteille de désinfectant à main, petit tube de baume à lèvre, petit pot de crème à main, petit sachet de papiers mouchoirs (bien sûr) …. Il faut aussi compter avec la bouteille d’eau (une petite) au cas où j’aurais soif, les lunettes de soleil au cas où il fasse soleil, le parapluie au cas où il pleuve, la petite laine où cas où il fasse froid… Tant et si bien que si je pars pour la journée, j’apporte aussi un sac à dos.
Diane
Ta réponse rappelle celle des françaises que Kaufmann a interviewées en rapport avec le contenu de leur sac à main. Tu n’es pas la seule à vivre « au cas où ».
Tellement de choses à dire sur les peurs irrationnelles qui ralentissent, voire paralysent, nos actions ! Un bon sujet de réflexion pour aller de l’avant cet été!
Un sujet assez universel, du moins je le crois…