J’ai acheté un cellulaire au goût du jour, j’ai changé mes habitudes, vérifié la pile avant le sommeil, passé de la sonnerie au mode vibratoire, mais je n’ai pas attrapé la maladie: celle que l’on inscrira bientôt dans le gros livre des diagnostics en santé mentale (Le DSM 5). Ce dernier grossit d’édition en édition mais la maladie de la recherche de l’immédiateté n’y figure pas encore; j’estime qu’il nous faudra patienter encore dix ans.
J’ai observé les symptômes de ce mal chez ma voisine de douche au centre sportif : elle a conversé dans la vapeur! Je croyais que l’eau et les cellulaires ne faisaient pas bon ménage…
J’ai observé ma voisine de rue qui, à 3h.20 du matin, consultait son écran et ses messages en promenant son chien. C’est l’heure où l’on dort!
J’ai observé une personne qui, dans un gymnase, marchait lentement dans un corridor réservé aux coureurs ; elle fouillait son écran. Mise en forme efficace?
J’ai observé ma voisine de rangée au film des Grands Explorateurs. Tout à coup une lumière apparait dans mon chant de vision : cette femme « textait ». Elle n’aimait sans doute pas les magnifiques images du désert…
J’ai cessé d’observer : la maladie est trop répandue.
J’oublie de porter mon téléphone avec moi en tout temps, je l’égare, le mode vibratoire se prolonge tard dans la journée… Dommage pour ceux et celles qui croient me rejoindre immédiatement. J’ai le cellulaire, mais pas le virus.
Tant pis disent les plus jeunes, tant mieux, disent les plus âgés.
Sans parler des compagnons (ou compagnes) de restaurant qui sont tous penchés sur leur écran au lieu de se parler etc… etc. Comment être ailleurs au lieu d’être ensemble … parce qu’on rêve d’un ailleurs qu’on croit encore meilleur…
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Ils appartiennent à une culture différente de la nôtre…