La « poche de soeur »

J’ai commencé ma carrière scolaire engoncée dans une épaisse serge noire. Corsage à plis fins, rabat blanc au cou, jupe ample, bas opaques et souliers assortis : tenue réjouissante pour mes six ans! Pour les grandes occasions (la fête du curé, celle de la provinciale, le concert annuel, la remise des prix), je retrouvais la robe de même style mais confectionnée dans un fin tissu blanc. Pour la « callisthénie » (nom utilisé par les religieuses pour désigner la gymnastique), j’enfilais la blouse de coton (style matelot) sur une jupe bleu foncé. Cet ensemble, plus léger, était autorisé lors des grandes chaleurs de juin.

Au fil des ans, les essayages de ces chefs d’œuvre de la mode « Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie » avaient lieu au couvent dans un des grands parloirs. Dans ce lieu solennel se prenait la grande décision : rallonger le corsage et la jupe ou changer le vêtement. Je grandissais!

La jupe de chacune de ces tenues comportait une fente du côté droit. Ma main s’y glissait et pénétrait dans un petit compartiment de coton : la « poche de sœur ». Cousue sur une ceinture ajustée par un bouton, elle était portée sous l’uniforme. Elle recelait l’essentiel : quelques sous pour la collation, un grand mouchoir et, surtout, le nécessaire chapelet.

Cet accessoire fut mien pendant sept longues années.

Je continuai mon parcours au sein de cette congrégation et connu deux changements vestimentaires. Le bleu marine devint de rigueur pour les élèves, mais les sœurs restèrent endeuillées!

6 réflexions sur “La « poche de soeur »

  1. Je n’ai pas subi la contrainte de ce code vestimentaire, fréquentant l’école publique. Toutefois, les filles des écoles privées que je pouvais croiser m’apparaissaient appartenir à un monde à part, déconnecté du réel: une sorte d’extra-terrestre!.

    1. Le petit pensionnat où j’ai étudié , situé dans un quartier modeste, acceuillait des éléves peu fortunées. Le snobisme était inexistant. Dans ma classe, une seule appartenait à un milieu bourgois, elle habitait Cité-jardin (le quartier du maire Drapeau).

  2. Waaaaahhhh! C’est pour moi un ravissement de lire tes vignettes qui, toutes m’apportent «du nouveau» tout en étant écrites de la plus belle façon. J’arrête car je dois en garder pour la prochaine fois.

  3. Ah! Tu as été chanceuse qu’il y ait eu une tenue blanche d’un tissu plus fin et la tenue de « calisthénie » pour les journées chaudes. Moi, je portais la lourde robe noire des Soeurs de la Congrégation de N. D. avec collet et poignets de caoutchouc blanc; très collant les jours de chaleur. Pas de poche de soeur mais un scapulaire suspendu au cou et un morceau de camphre attaché à la camisole. Les mercredis de culture physique, on portait la tunique bleue avec blouse blanche. On changeait de souliers dans la classe et ça sentait les petits pieds.

  4. Je n’ai pas osé parler des odeurs associés à ces uniformes portés pendant une année entière. Le sudorifique était inventé, mais pas utilisé par toutes mes compagnes…La récré était l’heure de l’aération dans les classes des adolescentes; une petite fenêtre s’ouvrait dans la grande fenêtre.
    Que de souvenirs!
    Diane

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