Une espèce en voie de disparition, du moins dans la couronne qui entoure Montréal. Jadis, ces petites habitations de bois jalonnaient les berges de tous les cours d’eau environnants : le fleuve, les rivières, les lacs, tous étaient garnis.
Comme ceux des temps reculés (les Romains quittaient Rome l’été), les citadins fuyaient la grande ville pendant les chaleurs estivales. Ce n’était pas l’exclusivité de gens fortunés, même les salariés modestes, essaimaient vers des lieux plus verts et mieux aérés. Certaines familles se déplaçaient en autobus et en train pour y parvenir.
Bâti sur pilotis, le chalet de bois était de dimension modeste, les chambres, minuscules; il était généralement loué avec un mobilier minimal et rustique. Ceux des années 30 étaient encore équipés de « bécosses », c.-à-d. de toilettes extérieures. Les puits pourvus de pompes manuelles fournissaient l’eau potable.
Le bois utilisé était de bonne qualité, certaines de ces structures ont résisté au passage du temps. Celles qui n’ont pas été démolies en faveur d’un habitacle quatre saisons, répondant aux normes de construction moderne, ont été entretenues avec soin par des propriétaires amoureux de ce patrimoine. J’ai le plaisir d’en posséder un. Agrandi, recouvert de lattes d’aluminium, muni de sanitaires modernes, d’électricité suffisante pour cuisiner, chauffer et se laver, il remplit les mêmes fonctions qu’à son origine, la communication par internet en sus.
Quel chemin parcouru depuis l’époque où mon chalet avoisinait le hangar où les blocs de glace étaient conservés dans le bran de scie avant d’être réacheminés vers les glacières des autres maisonnées. Une quinzaine d’habitations, construites et louées par un propriétaire, sises sur un territoire circonscrit, formaient un domaine où les estivants se retrouvaient d’année en année. Ils formaient une petite communauté où les activités collectives étaient florissantes : repas de toute nature (y compris la traditionnelle épluchette de blé d’Inde), multiples concours pour les jeunes et les moins jeunes, activités nautiques et sportives. À cette époque, le croquet et le lancer du fer à cheval soulevaient les passions!
C’était un paradis pour les enfants et les adultes.
La vie collective a cédé la place aux plaisirs familiaux ou de couple, mais ces oasis conservent leur caractère idyllique, même pour les personnes qui vivent seules…
Il faut croire que nous étions encore trop pauvres pour de telles vacances! Je me souviens toutefois des«cabins» qui longeaient le fleuve et que mes parents louaient pour 1-2 soirs quand nous avons eu une voiture. J’avais 10-12 ans alors. Plus jeune, c’était le parc Lafontaine, l’Ile Ste-Hélène, les manèges du parc Belmont où nous allions avec un pique-nique, en autobus, pendant la semaine de vacances de mon père.
J’aime bien quand tu rappelles ainsi des temps anciens. Les souvenirs que tu convoques, concrets et précis, font image et montrent bien les différences.
Diane
Tes propos sur les « cabins ». le long du fleuve ramènent des souvenirs de mon premier voyage en Gaspésie. Elles avaient fière allure, perchées en haut de la falaise avec une vue imprenable sur le fleuve. Ont-elles fait place aux motels?