Ma mémoire a subi quelques culbutages comme le linge dans la sécheuse. Pourquoi? Je n’en sais rien. Sous l’effet d’un grand brassage, les rappels du passé reviennent, pêle-mêle, sans ordre ni logique, du moins apparents.
Tout y passe : la famille, les amis, les amants, les tout-petits, les grands, les lieux, les drames, les fêtes, le quotidien, etc. Les souvenirs déferlent, frappent mon imagination, provoquent des émois, séjournent un peu et repartent, pour être remplacés par d’autres.
L’autre jour, dans ma voiture, à l’écoute d’une musique que je ne reconnaissais pas, sans raison particulière, je me suis mise à siffloter et l’image de ma grand-mère m’est revenue. Cette aïeule, modèle de dignité s’il en fut, mettait son chapeau et ses gants pour se rendre un coin de la rue, acheter son journal. Cette même dame m’a appris à siffler! Non pas ce bruit strident provoqué par deux doigts dans la bouche, émis à la suite d’un exploit artistique ou sportif, oh que non : une mélodie. Des notes!
Ce rappel, étrange, surprenant, me trouble. Ce phénomène serait-il lié à la fin de vie? Aux bilans de cette période? Aux regards en arrière?
Je n’ai pas les réponses, mon romancier favori Douglas Kennedy non plus , mais il cite (1) un auteur qu’il affectionne :
« Le passé peut encore nous surprendre »
—————————————————————
1) Kennedy, Douglas, Toutes ces grandes questions sans réponse, Belfond, 2016, 362 pages
Belle image que la sécheuse pour rendre compte de ces états méditatifs où toutes sortes d’images et d’affects se bousculent dans notre tête.
Cela continue…